Né d’un père malien et d’une mère nigérienne, Sidahmed Seidnaly alias Alphadi, qui créa sa marque en 1984, partage sa vie entre Paris et la capitale nigérienne.
Surnommé le « Prince du désert » Seidnaly Sidhamed dit Alphadi est considéré aujourd’hui comme le représentant de la mode et des arts du Niger et d’Afrique. Issu d’une grande famille touareg, rien ne le prédestinait à faire une carrière de grand couturier, excepté son goût prématuré pour l’habillement et l’esthétisme au féminin.
Alphadi entame son apprentissage de couturier professionnel dans une école de stylisme. Il entre à l’atelier Chardon Savard et assiste aux défilés des plus grands couturiers : Yves Saint-Laurent, Paco Rabanne, Christian Lacroix…
Amoureux de la terre d’Afrique et résolument attaché à ses racines, il n’en expérimente pas moins des inspirations nouvelles, et brasse les traditions du savoir-faire des peuples songhaïs, djermas, bororos, haoussas, touaregs et un stylisme propre à l’audace des lignes et formes occidentales.
Créateur en 1998 du FIMA (Festival International de la Mode Africaine), il a bâti une vraie vitrine et un tremplin pour tous les jeunes stylistes en devenir. En 2001, il est élevé au rang de Chevalier de l’Ordre du Mérite par le président Jacques Chirac. En 2004, soit presque vingt ans après sa première collection en Afrique, Alphadi participe au défilé haute couture saison Automne-Hiver du Musée Galliera à Paris
Avec lui on rit, on s’énerve et on se perd dans des discussions houleuses et passionnées sur l’Afrique, l’art ou le développement. De New York à Dakar en passant par Paris et Bamako, c’est avec sa collection de couture « Nomades » sous le bras qu’il parcourt les aéroports et les podiums: des robes, des tuniques, élégantes et ultra féminines, légères et volantes, en soie, en coton, brodées ou imprimées de motifs rappelant tour à tour le désert, la savane ou une nature luxuriante.
Alphadi un homme qui n’a pas sa langue dans sa poche. L’art, la création, l’Afrique, la politique, les discriminations et le développement sont autant de sujets pour lesquels brûle le couturier. « J’avais plus de 120 employés il y a encore quelque temps « , au Niger, regrette Alphadi qui n’en compte plus que 30. Pas facile de faire tourner les affaires dans un contexte d’instabilité politique et dans l’un des pays les plus pauvres au monde.
Son humour et sa légèreté font régulièrement place à la colère et l’indignation. Il fustige « les politiques » africains qui « relèguent les « culturels » au second plan », qui sous-estiment ce que peuvent apporter les artistes en matière de développement et qui attribuent des marchés de confection textile à la Chine, « pour gagner 15, 20, 30% en plus », plutôt qu’à des couturiers locaux, comme lui-même.
« Aider la jeunesse » est aussi une priorité du styliste qui offre tous les deux ans aux jeunes créateurs africains l’occasion de se montrer lors de son Festival international de la mode africaine (Fima).
La prochaine édition est prévue en novembre à Niamey.